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Groupe "echange" a la Policlinique de geriatrie (geneve): Entre Socialisati on et Psychotherapy.

Fecha Publicación: 28/12/2010
Autor/autores: Lydia Haz , M.R. Rampa

RESUMEN

 El estudio realizado a un grupo de cambio en el marco del hospital de día de la Policlínica de Geriatría de Ginebra, trata de demostrar en qué medida esta actividad grupal puede ser considerada de naturaleza psicoterapéutica en un contexto de cuidados comunitarios.


Palabras clave: Grupo; Psicoterapia; Atención comun.
Área temática: .

Vol. 2, núm. 4 - Noviembre 2003

Órgano Oficial de expresión de la Fundación OMIE
Revista Internacional On-line / An International On-line Journal

GROUPE " ECHANGE " A LA POLICLINIQUE DE GERIATRIE (GENEVE):
ENTRE SOCIALISATION ET PSYCHOTHERAPIE (*)
Lydia Haz (psychologue diplômée, Conducteur du groupe " échange " ),
M. R. Rampa (psychologue FSP).

Correspondencia:
E-mail: lilihaz@bluewin.ch

RESUMEN
El estudio realizado a un grupo de cambio en el marco del hospital de día de la Policlínica de
Geriatría de Ginebra, trata de demostrar en qué medida esta actividad grupal puede ser considerada
de naturaleza psicoterapéutica en un contexto de cuidados comunitarios.

PALABRAS CLAVE: Grupo, psicoterapia, atención comunitaria.

SUMMARY
The study, carried out by an exchange group in the framework of the day hospital of the Geneva
Geriatric Policlinic, aims to show to what measure this group activity can be considered of a
psychotherapeutic nature in a community care context.
KEY WORDS: Group, psychotherapy, community care.

RESUME
L'étude effectuée sur un groupe " échange " dans le cadre de l'hôpital de jour à la Policlinique de
gériatrie à Genève, vise à montrer dans quelle mesure cette activité groupale peut être considérée
comme psychothérapeutique dans un contexte de soins communautaires.
D'un point de vue psychanalytique, il s'avère que ce groupe fait appel à certains processus défensifs
groupaux comme on peut les retrouver dans les psychothérapies analytiques de groupe. Les plus
prégnants sont les présupposés de base cités par Bion - la dépendance et l'attaque-fuite - ainsi que
la présence de silences, de boucs émissaires et de tensions qui sont récurrents dans ce groupe.
D'après la dynamique des groupes de Lewin ce groupe représente, à travers son champ et au vu des
séances analysées, un réel " espace de vie " dans lequel les membres se sentent exister et encore
utiles à autrui.
MOTS CLEFS: Groupe, psychothérapie, soins communautaires.

INTRODUCTION
La longévité évidente de la population âgée ne signifie pas forcément que la qualité de vie sur un
plan médico-psycho-social soit bonne ou satisfaisante. En effet, même si au fil du temps la
conception de la vieillesse est passée d'une vision plutôt pessimiste à une vision actuelle moins
dégradante de la personne âgée, ceci n'enlève pas les problématiques liées au vieillissement, comme
la diminution des capacités physiques et cognitives, le risque de perte de l'autonomie, les pertes
relationnelles, la solitude, la peur de la mort, etc.
Comment les personnes âgées peuvent-elles affronter ces difficultés ?

Pour y faire face, il existe notamment des groupes de parole se limitant actuellement au milieu
psychiatrique. Or, dans un milieu de soins communautaires, ce type de prise en charge est
malheureusement à l'heure actuelle peu développé à Genève. La Poliger offre un espace d'échange
pour cette population qui est de nos jours encore trop peu mentionnée dans la littérature lorsqu'il
s'agit de thérapies de groupes.
L'intérêt d'entreprendre une recherche sur ce groupe a pris naissance d'une critique affirmant : " Au
fait, les discussions de ces groupes ne sont que des discussions de café ! ". S'agirait-il d'un simple
moyen de socialisation ou pourrait-on le considérer alors comme un outil psychothérapeutique ? Tel
a été l'enjeu de cette étude par laquelle j'ai souhaité mettre en lumière, d'une part, les processus de
fonctionnement de ce groupe " échange " et, d'autre part, soulever l'importance pour les
conducteurs d'être formé dans le domaine des thérapies de groupe.

METHODE
Objectifs et outils utilisés
1. La première étape de l'étude porte sur la création d'un questionnaire inspiré du CSQ-8 (Client
Satisfaction Questionnaire, créé par C. Attkisson et Zwick en 1982 ; traduit et validé en français par
Leichner et Perreault en 1990 ; il s'agit d'une version abrégée du CSQ-18 de Larsen, Attikisson,
Hargreaves et Nguyen (1979)) qui possède huit items cotés de 1 à 4.
Le but du questionnaire porte sur l'évaluation qualitative de la perception des patients sur leur
propre participation au groupe " échange ".
L'échelle de Likert utilisée comporte quatre items allant de " oui absolument " à " non absolument
pas " ou pour certaines questions " très satisfait " à " insatisfait " ou encore " oui cela m'aide " à "
non absolument pas ". Il y a en somme un pôle positif contenant les deux premiers items, et un pôle
négatif comprenant les deux autres items.
Les seize items du questionnaire ont été regroupés en différentes catégories:
la communication, l'aide (effective reçue), les relations interpersonnelles, le plaisir - l'aise et la
référence du groupe à l'extérieur.
2. Les discussions " post-groupe " avec le conducteur ont été profitables, voire nécessaires, à une
première élaboration " à chaud " des contenus actuels et antérieurs ainsi qu'à l'analyse ultérieure.
3. L'enregistrement et la retranscription fidèle des douze séances (du 6 mars au 5 juin 2003) a aidé,
grâce à des critères d'analyse au travers d'une lecture minutieuse, à relever les thèmes abordés,
leur récurrence et enchaînement, ainsi que les mécanismes de défenses mis en acte par le groupe,
les réactions face aux changements telle l'absence de certains membres, et les interventions du
thérapeute.
Finalement, les séances résumées contiennent chacune un descriptif de leur déroulement et
contenus, ainsi que des interprétations relatives aux processus défensifs groupaux.

CADRE DE LA RECHERCHE
Tout récemment rattachée au Département des médecines communautaires, la Poliger est une
structure qui a été prénommée pendant longtemps le Centre de Gériatrie créé par le Professeur
Junod vers la fin des années 60. Au début des années 90, le Centre de Gériatrie devient alors la
Poliger dirigée par le Professeur C.-H. Rapin, Chef de service. Ce dernier poursuit l'idée de Junod qui
est de créer un lieu " médico-psycho-social " pour les personnes âgées. Le but est d'apporter un
soutien temporaire à cette population en tentant de maintenir aussi longtemps que possible la
qualité de vie des personnes âgées à domicile.
Les dispositifs mis en place pour les soins aux personnes âgées sont les suivants : un service de
soins à domicile, une structure Accueil-Service (ouverte 24/24) offrant la possibilité aux personnes
en crise (médico-psycho-sociale) d'y séjourner quatre jours au maximum et un hôpital de jour
proposant différentes activités supervisées (tai-chi, atelier mémoire, groupe alimentation, groupe
mobilité, groupe " parkinson ", groupe " échange ", groupe terre et piscine).
LE GROUPE " ÉCHANGE "
Il existe trois groupes " échange " se déroulant une fois par semaine pendant 45 minutes. L'objectif

thérapeutique de ces groupes " semi-ouverts " est de permettre aux patients de sortir de leur
isolement et de s'exprimer dans un lieu de confiance et dans une atmosphère de convivialité. Créer
un espace pour s'exprimer et être écouté a été le point de départ de l'émergence de tels groupes.
Toutes les personnes âgées n'ont en effet pas la possibilité de parler, d'échanger leurs idées, soit
parce qu'elles vivent seules et n'ont plus de famille, soit parce que la communication est difficile
avec l'entourage proche. Il n'existe pas de critères absolus d'admission, néanmoins il est souhaitable
que le patient aie envie d'y prendre part et qu'il soit en mesure de communiquer (problèmes
d'élocution, d'hypoacousie, troubles du comportement important).
Il existe des règles précises concernant le déroulement de ces groupes : La règle de la ponctualité,
la règle de la discrétion, le respect du tour de parole, le droit de ne pas parler (liberté de rester
silencieux) et le rôle du psychologue comme garant du bon fonctionnement du groupe. Plus
précisément, il se charge de faire circuler et de restituer les informations, les affects, les remarques
aux patients pour éviter que l'attention ou les échanges se concentrent sur certaines personnes et
permettre ainsi aux patients de se rapprocher de leur insight.
LES SUJETS
Les patients considérés dans cette étude sont âgés en moyenne de 81 ans et il y a une majorité de
femmes (treize femmes et cinq hommes). La symptomatologie (simple ou composite) peut toucher
différents aspects : la mémoire, la mobilité, l'équilibre, l'alimentation, la dépression, la douleur, les
comportements liés à l'affaiblissement intellectuel ou à des conflits familiaux y compris la
maltraitance. Ils bénéficient donc d'une prise en charge globale (sur le plan médical, psychologique
et social).
Le groupe du jeudi étudié ici comprend initialement huit femmes et trois hommes, et sa
configuration successive se trouve modifiée avec un double départ et une absence régulière d'une
patiente, ainsi que de l'intégration d'un homme à la neuvième séance. Toutefois, le noyau du groupe
demeure constitué de six femmes et de quatre hommes.
RESULTATS
Questionnaires
D'une façon générale, on remarque que les sujets répondent davantage selon le pôle positif pour les
cinq catégories du questionnaire. Cela indique déjà que la perception des sujets vis-à-vis du groupe
" échange " est positive.
Plus précisément, la catégorie qui se démarque par rapport aux autres est celle consacrée au plaisir,
à l'aise, signifiant par là que la participation au groupe est vécue comme un réel plaisir et comme
une satisfaction qui sont partagés par l'ensemble des sujets.
Presque la majorité des patients (15 sujets sur 17 pour la catégorie communication) se sentent
compris et disent pouvoir partager librement leurs idées, leurs sentiments au sein du groupe.
Concernant l'importance et l'aide effective du groupe lors de moments de solitude, elles sont
partagées par plus de la moitié des sujets (14 sujets sur 17).
De même, par rapport aux relations interpersonnelles, 14 sujets sur 17 ont le sentiment d'être
acceptés et respectés par les autres et ne se sentent pas contrariés par certaines remarques d'autres
membres.
Finalement, un tiers des sujets semblent ne pas se référer au groupe lorsqu'ils se retrouvent à
l'extérieur, en famille, ou avec l'entourage.
Séances Groupales
Parmi les douze séances analysées, voici quelques-unes qui me paraissent illustrer au mieux ce
groupe " échange ". Elles visent à donner au lecteur les sujets de discussion ainsi que les
mécanismes de défenses les plus prégnants de ce groupe en rapport avec des concepts théoriques
tirés essentiellement des théories psychanalytiques de groupe.
" Séance 1 : " Les Attaques "
Très vite, un certain agacement apparaît de la part de certains sujets parce qu'un patient, Pierre G.,
a évoqué lors des précédentes séances le thème de la religion et de la réflexologie, arguments ayant
provoqué des discordances au sein du groupe. Ce même membre se montre comme quelqu'un qui
possède des connaissances que les autres n'ont pas. Les autres membres se sentent ainsi parfois
dépassés et agacés par ses remarques savantes. Une " tension commune au groupe " (Ezriel, 1950)
émerge alors : le sentiment d'agacement se diffuse et touche d'autres personnes comme la
remarque suivante de Simon T. : " A vrai dire ça m'ennuie...ça m'ennuie complètement de parler
toujours de réflexologie ! ".

Les réflexions répétitives de Simon T. concernant l'inutilité de la discussion provoquent un
déséquilibre. Il survient alors un mouvement d'agrégation de certains patients qui s'allient pour
défendre l'utilité et la valeur de ce groupe " échange ". Ces derniers se sentent en effet menacés et
ils défendent dans un sens leur propre identité et estime de soi : grâce à l'échange, ils se sentent
encore exister et utiles pour quelque chose. Les patients réagissent par conséquent sur un plan
individuel, mais aussi groupal ; on peut rattacher ce comportement au présupposé d'attaque décrit
par Bion car l'unité du groupe entier est menacée. De plus, ce mouvement d'alliance de la part de
plusieurs patients peut aussi signifier le désir de vouloir revendiquer leur sentiment d'appartenance
au groupe : c'est par ce sentiment-là qu'ils se sentent aussi exister et valorisés.
Comment expliquer les remarques agressives et provocatrices de Simon T. face au groupe ? Ces
attaques seraient peut-être une manière de tester la fiabilité, la consistance du groupe comme
moyen pour se rassurer et par la même occasion rassurer le groupe lui-même quant à son existence.
" Séance 2 : " Guerre et paix "
Plusieurs interventions vives sur le thème de la guerre apparaissent, mais de façon désordonnée et
entrecoupée. Le conducteur tente alors de ramener ces événements extérieurs au groupe pour leur
signifier par là que l'évocation de tels thèmes reflète peut-être quelque chose au niveau de la
dynamique de groupe.
Après l'intervention du psychologue, il se produit, au travers de différentes associations, un
glissement de l'évocation de la guerre aux problèmes de couple.
La fin de la séance est très riche émotionnellement : en effet, suite à l'annonce de l'arrêt de la
séance, l'un des patients mentionne la séparation d'avec son enfant très jeune et une autre révèle
au groupe qu'elle a été abandonnée par son père. La fin de la séance évoque certainement des
sentiments de perte, d'abandon restés latents et qui se manifestent d'une façon intense dans les
dernières minutes de la séance. On peut aussi relier cette décharge d'émotions au phénomène de
condensation vu qu'il y a eu accumulation des pensées et décharge soudaine d'émotions. Cela
pourrait être également qualifié de mécanisme de défense dans le sens où les patients expriment, de
façon brève, des événements douloureux juste au dernier moment (" le syndrome de la poignée de
porte ").
Le groupe lors de cette séance est passé par une phase évolutive : au début, la discussion qui porte
sur les guerres est très vive, puis l'atmosphère et la dynamique de groupe se calment et offrent un
espace plus paisible où certains membres se livrent sur un plan plus personnel. L'évocation du temps
d'apprentissage des connaissances chez l'enfant à la fin peut être mis en parallèle avec le groupe : il
faut aussi un temps pour pouvoir se parler, avoir confiance en l'autre pour pouvoir davantage se
livrer.
" Séance 3 : " La nécessité d'un sauveur "
Pour faire face à l'insécurité du cadre de départ (retard et oubli d'un absent), Simon T. mentionne le
déséquilibre hommes-femmes avec une supériorité numérique pour ces dernières. Thérèse R.
confirme l'absence d'un patient et répond ainsi à l'observation initiale. Les conducteurs font acte de
réparation en mettant une chaise pour la personne momentanément absente. On remarque en ce
début de séance que le groupe est à la recherche d'un cadre sécurisant : le psychologue est perçu
par Pierre G. comme le guide, comme une personne au-dessus des autres, qui a " un atout " parce
qu'il aurait une supériorité des connaissances.
Ces différentes remarques élogieuses peuvent indiquer que ce patient est en quelque sorte le porteparole du groupe (vu que les autres membres sont silencieux) par rapport à la perception du rôle du
psychologue. Le présupposé de base de la dépendance pourrait expliquer pourquoi le groupe
souhaite être " protégé, nourri intellectuellement et affectivement " par le conducteur qui
volontairement ne répond pas à cette demande. Ainsi, Pierre G. prend le rôle de celui qui dirige et
pose des questions en rapport avec la religion. Il tenterait dans un sens de retrouver un pouvoir au
sein du groupe, pouvoir qu'il ne possède plus dans sa propre famille; ce dernier monopolise
l'attention et provoque de l'énervement (c'est-à-dire qu'il suscite une très forte curiosité sans donner
les solutions aux énigmes qu'il pose) chez les autres patients.
Les nombreuses digressions qui suivent font penser à une recherche de stratégies pour limiter
l'angoisse vu que le conducteur ne répond pas à la demande d'être le guide, le sauveur du groupe.
Le psychologue relie néanmoins cette angoisse aux phénomènes des guerres extérieures ainsi qu'à
la réorganisation prévue du département de la Poliger.
Le besoin de croire en quelqu'un ou en quelque chose pour le futur nécessite donc la présence d'un "
sauveur " du groupe agissant dans un cadre rassurant. En effet, face au cadre flottant, le groupe se
rabat alors sur le conducteur et lui signifie (inconsciemment) qu'il doit sauver le groupe, le rassurer,
comme le fait la mère avec son enfant lorsque ce dernier se sent angoissé ou frustré.

" Séance 5 : " la météo relationnelle "

Après plusieurs digressions sur la météo on pourrait penser que l'évocation de cet événement
extérieur est sans grand intérêt et que le groupe passe par un moment de stagnation (Cf.
phénomène du plateau). Cette discussion sur la pluie et le beau temps est néanmoins nécessaire
comme tremplin pour l'énonciation des variations météo relationnelles au sein du couple. Evoquer
des sentiments personnels sur le couple permet à plusieurs membres d'utiliser leur agressivité et de
la diriger sur Simon T. Il s'agit en fait d'une riposte car ce dernier avait " attaqué " en premier en
disqualifiant les vieilles femmes par rapport à la beauté des jeunes. A tour de rôle, six patients
énumèrent leur âge ce qui peut faire penser à une recherche de points communs pour se sentir
appartenir au groupe et pour apaiser l'état de tension. En effet, face à l'évocation du temps qui a
passé et qui fait certainement penser à la mort, le groupe pourrait utiliser cette stratégie pour
diminuer l'angoisse ressentie.
Les événements liés à la jeunesse et à la descendance sont évoqués par un sous-groupe de deux
personnes (couple de deux femmes) qui dialoguent sur leurs expériences partagées dans leur passé,
ceci pendant plusieurs minutes jusqu'à la fin de la séance. La formation de sous-groupes est
considérée comme un processus groupal. Comment peut-on l'expliquer dans cette séance ? Pourquoi
une telle défense ?
Il est difficile de donner une réponse unique à ces questions, mais la jeunesse, le temps qui a passé,
et implicitement le rapprochement à la mort, sont des sujets qui provoquent de l'angoisse chez des
patients âgés. Le groupe utiliserait une autre façon pour se rassurer et pour protéger l'unité groupale
en désignant deux membres qui se sont connues bien avant l'existence de ce groupe. Le présupposé
de couplage énoncé par Bion permettrait ainsi de donner un espoir momentané au groupe quant à
son évolution.
" Séance 7 : " Les rivalités "
Le groupe est passé divers moments de tensions qui se poursuivent lors de cette séance. Il est à
noter que l'évocation de problématiques personnelles comme la vieillesse, la perte de croyance et les
difficultés de communication au sein du couple surviennent justement lors de moments de forte
tension, comme pour décharger ce qui pèse et fait souffrir.
En effet, la tension est telle qu'elle finit par se condenser et exploser en fin de séance lorsqu'un
patient attaque l'unité et l'utilité du groupe. Comme dans la séance 1, le groupe dévoile ses qualités
de protection, de défense par rapport à sa propre existence en tant que groupe " échange ". Les
champs respectifs de chaque membre permettent au groupe d'apporter sa particularité en
comparaison à d'autres groupes. Concernant le champ du groupe on peut s'apercevoir qu'il est,
comme l'a décrit Lewin, " un espace de vie ". Il s'agit bien de cet espace de vie que le groupe, grâce
à certains piliers comme Thérèse R., Pierre G. ou encore Simon T., souhaite signifier l'existence.

" Séance 8 : " Le groupe oral "
L'évocation d'actes anthropophagiques ayant eu réellement lieu dans des accidents d'aviation, se
transpose dans le groupe. Thérèse R. désigne ironiquement des membres qu'elle souhaiterait "
manger " plus particulièrement Simon T. qui montre son mécontentement : " Arrêtons ça...c'est trop
sérieux il faut pas... ". Après cette remarque, plusieurs patientes réagissent fortement par des
oppositions " Mais non c'est pas sérieux c'est rigolo " ou par une pluie d'attaques, ce qui pourrait
faire penser à la recherche d'un bouc émissaire : " Moi je commencerai par Simon T. " ou encore "
Oh non alors il est trop gros ! (...) ". Or, celui qui ne serait pas " mangé " c'est Pierre G. parce qu'il "
sert encore à quelque chose ". En effet, certains membres considèrent ce patient comme quelqu'un
d'instruit qui a des connaissances (essentiellement littéraires, bibliques et scientifiques) ; il est une
figure importante car le groupe se réfère à lui, même quand il est absent.
Un patient demande si l'être humain pourrait manger les membres de sa propre famille et Thérèse
R. apporte des remarques humoristiques " on mangerait plutôt nos voisins que nos enfants " ou " il
faut pas se laver les pieds comme ça y a beaucoup de choses dans le soulier ! " ce qui fait rire
plusieurs personnes. Face à ce sujet angoissant, le rire est dans cette séance souvent utilisé par le
groupe comme mécanisme de défense pour pallier à l'angoisse de la mort, d'être dévoré et englouti.
Ce mouvement oral du groupe peut être relié au stade " sadique-oral " décrit par Freud. Au niveau
fantasmatique, il y a la crainte d'être mangé et d'être anéanti par la mère. Freud en se référent aux
peuples primitifs (dans Totem et Tabou, 1913), mentionne " qu'en ingérant des parties du corps
d'une personne dans l'acte de dévoration, on s'approprie les propriétés qui ont appartenu à cette
personne ". Le sujet s'identifie donc à l'objet en l'incorporant.
Cette séance révèle le passage à une période régressive du développement. On s'aperçoit que tous
les membres ne réagissent pas de la même façon ; un patient insiste à plusieurs reprises de mettre
un terme à cette discussion. Le reste du groupe ne semble pas à première vue inquiété, mais le rire
est souvent utilisé et sert à se défendre contre l'angoisse ressentie.
" Séance 9 : " Les rivalités des sexes "
La co-conductrice est seule lors de cette séance et resitue le cadre en citant les absents et quelques

règles inhérentes au groupe afin d'apporter un cadre sécurisant. Le contre-transfert analysé
ultérieurement suggère que la co-conductrice a ressenti le besoin d'apporter un cadre rassurant, non
seulement pour le groupe, mais aussi pour se rassurer elle-même quant à ses compétences à
conduire une séance.
Le premier sujet de discussion porte sur les différences de goûts alimentaires, mais soudain, un
patient mentionne que le nombre de femmes est supérieur aux hommes dans ce groupe. Le début
de la séance est ainsi marqué par un état de tension important, plusieurs remarques en attestent : "
Oh il remet ça ! " ou " Mais c'est comme ça ! Faut s'habituer maintenant " et " Mais y a pas besoin
de râler ! ". Ces différentes réactions suggèrent que divers sentiments, comme l'agacement,
l'énervement, ont été accumulés au fil des séances. C'est comme si le champ historique, mentionné
par Correale (cité in Neri, 1997), était ainsi réactivé.
Cette séance met en avant les rivalités homme-femme ainsi que certaines confrontations entre deux
hommes dans une recherche de prise de pouvoir particulièrement visible vers la fin de la séance.
L'apparition régulière de cette rivalité et de l'agressivité est une particularité dans ce groupe.
Comme si ce dernier avait besoin de décharger la tension et l'agressivité pour tester sa fiabilité et sa
consistance. En effet, il faut soulever que l'absence du conducteur a certainement eu une influence
sur le déroulement des échanges et pourrait expliquer pourquoi la tension était fortement présente
durant cette séance.
" Séance 10 : " le pouvoir de la femme "
Dans cette séance, le champ du groupe est tout de suite déstabilisé par les remarques provocatrices
de deux hommes concernant les relations avec les femmes. Ce jeu de séduction se transforme en
jeu de pouvoir où la tension est élevée. Or, on remarque qu'après cette période de tension, les
forces du champ du groupe se remettent en équilibre et permettent à certains membres de se libérer
et de faire part de moments de vie douloureux (perte des capacités et des êtres chers). Comme
dans la séance 2, le groupe a besoin d'un temps pour se tester pour se rendre compte qu'après le "
combat ", il n'y a pas de danger à se livrer aux autres.
Les champs respectifs de certains patients sont en résonance dans cette séance puisque plusieurs
personnes réagissent lorsqu'il est question de la souffrance des animaux qui est ensuite transposée à
celle des humains.
" Séance 11 : " Se mettre à nu "
On remarque que les critiques vis-à-vis du rôle des psychologues sont évoquées en dehors du cadre,
avant le début de la séance. Ce processus groupal défensif (Cf. présupposé d'attaque cité par Bion)
déjà aperçu lors des séances 1 et 4, réapparaît ici pour signifier que le groupe s'est senti en danger,
abandonné lorsque le " couple de conducteurs " n'était pas présent les dernières fois.
Après l'interprétation du psychologue sur le sentiment d'abandon vécu par le groupe, plusieurs
membres font part implicitement de leur souhait d'avoir un espace où ils peuvent se livrer et faire
part de leur souffrance. Une patiente, qui d'habitude s'exprime peu et difficilement, a pu
communiquer sa souffrance personnelle liée à ses pertes de capacités physiques et intellectuelles.
On peut se demander si les critiques au sujet de la co-conductrice ne seraient pas liées aussi à
l'absence du conducteur lors des deux dernières séances. Peut-être le groupe a-t-il ressenti ce
sentiment d'abandon resté latent les deux dernières fois et se manifeste vivement avant même le
début de la séance. Il se manifesterait aussi par les silences, souvent présents, qui indiquent que la
tension est bien ressentie par tout le groupe, par l'ensemble du champ.
Limites du travail
Par rapport à la méthodologie et plus particulièrement la transcription des séances, il est à noter
qu'elle ne reflète pas dans son intégralité la séance réelle. En effet, il n'a pas toujours été facile de
retranscrire certains échanges, notamment lorsque plusieurs personnes parlent en même temps, ce
qui a rendu la compréhension difficile, voire impossible à certains moments.
Les données relatives à la communication non verbales sont quasi inexistantes vu l'outil utilisé
pour cette recherche. Celles qui ont été relevées, sont celles dont j'ai eu le souvenir le plus
prégnant. Les informations concernant l'infra-verbal auraient permis de compléter l'analyse car
certains patients qui peuvent sembler silencieux verbalement ne le sont pas forcément sur le plan de
la communication non verbale. Un dispositif comme la caméra aurait permis de récolter ce type
d'informations.
L'enregistrement des séances a permis de récolter de nombreuses données. Or, la présence de
l'enregistreur a été perçue au début comme un objet perturbateur. Malgré les précisions apportées
par le conducteur concernant le but de ces séances, on peut relever les remarques suivantes qui
indiquent que la présence de l'appareil est vécue comme intrusive et dérangeante : " On ne va
quand même pas dire des méchancetés" ou encore cette phrase qui montre de façon implicite la
peur de cet objet perçu comme pouvant dévorer les membres du groupe " Il ne mord pas ". Ce
dispositif a certainement influencé le rythme et les sujets des séances. Il a été petit à petit inclus et
oublié par la suite. Un patient a même relevé son absence alors que les séances pour mon travail

étaient terminées.
L'élaboration d'un questionnaire de A à Z a permis de constater combien il est difficile d'établir
des questions claires. Certaines questions qui semblaient sans ambiguïté ne l'étaient pas forcément
pour les patients. De plus, il a été difficile de construire un questionnaire uniquement avec des
questions sur un mode qualitatif.
Il a été demandé aux personnes d'être aussi sincères que possible dans leurs réponses, mais ces
dernières doivent être considérées avec prudence. Il se peut que malgré les explications, des sujets
aient répondu d'une certaine manière " pour faire plaisir " à l'expérimentateur craignant qu'il ne les
juge sur leurs réponses.
Cependant, le fait d'avoir spécifié la garantie de l'anonymat des réponses ainsi que l'importance de
l'aide des patients dans cette recherche, a énormément contribué à la consolidation du lien
thérapeutique et à la spontanéité des réponses.
Lors de la passation du questionnaire, il est arrivé de répéter, voire de paraphraser certaines
questions. Il faut aussi souligner que la rencontre avec les patients ne s'est pas résumée au
questionnaire, mais à un réel échange entre les patients et l'expérimentateur. Certains ont confié à
ce dernier combien la solitude était pesante et qu'il n'était pas facile par moments de parler au sein
de sa famille.

CONCLUSION

Avant d'entamer cette recherche, je me doutais bien que ce groupe " échange " ne représentait pas
seulement de simples discussions " de café " dans un but unique de socialisation, mais visait
également un objectif thérapeutique certain et avait du sens pour les personnes âgées vu les
problématiques dont elles souffrent.
Il ressort de cette analyse, qui ne prétend pas être exhaustive, que le cadre de ces groupes "
échange " comporte plusieurs points communs avec les groupes psychothérapeutiques analytiques
habituels: tout d'abord, la régularité du lieu, du jour et de la durée de la séance qui peut varier car
ce groupe fait partie d'un cadre institutionnel imposant parfois son propre rythme de
fonctionnement. De plus, on retrouve certaines règles inhérentes à ce groupe " échange " (Cf. la
règle de la discrétion, des libres associations, des interprétations) qui sont aussi appliquées par des
professionnels formés ou sensibilisés à la thérapie de groupe.
Au sujet de la dynamique du groupe, il s'avère que ce dernier fait appel à certains processus
défensifs groupaux comme on peut les retrouver dans les psychothérapies analytiques de groupe.
Les plus prégnants sont les présupposés de base cités par Bion- la dépendance et l'attaque-fuiteainsi que la présence des silences, de boucs émissaires et de tensions qui sont récurrents dans ce
groupe.
Concernant la perception des participants par rapport à l'utilité de ce groupe, les proportions élevées
de réponses positives au questionnaire parlent d'elles-mêmes. Les commentaires suivants
mentionnés spontanément en attestent : " Je me sens souvent seul, c'est bien de pouvoir parler " ; "
Ça m'apporte d'échanger des idées, c'est important pour moi (...) on n'imagine pas que d'autres
personnes ont vécu la même chose, ça soulage " ; " On est une bonne équipe, on est en famille...(...)
on a fait des amitiés ". Cette dernière remarque reflète le sentiment d'appartenance à une équipe
qui est unie dans un objectif commun, à savoir celui de pouvoir partager, échanger des pensées, des
idées. De plus, le groupe se considère également comme une famille, avec un père qui serait
représenté par le conducteur, une mère représentée par la co-conductrice et les frères et les soeurs
symbolisés par les membres du groupe.
Le groupe " échange ", à travers son champ, représente, au vu des séances analysées, un réel "
espace de vie ", comme le mentionne Lewin, dans lequel les membres se sentent exister et encore
utiles à autrui. On peut donc entrevoir les discussions de ces séances comme un échange entre des
personnes ou comme un groupe qui échange. Le caractère anthropomorphique du groupe permet de
considérer ce dernier comme un être vivant, qui pense et qui éprouve des émotions.
Plusieurs questions peuvent se poser : par exemple, quelle a été l'évolution de ce groupe au cours
des trois mois d'étude ? Les feed-back positifs de certains patients communiqués lors de moments
informels laissent penser qu'il y a eu un changement, difficilement quantifiable, mais qui est
toutefois perceptible dans l'ouverture face à l'échange et quant à la cohésion du groupe. L'intérêt
aurait été de poursuivre cette étude sur les autres groupes échanges afin d'avoir des points de
comparaison quant à la dynamique de ces groupes.

On peut se demander aussi quelle aurait été l'évolution d'un groupe " échange fermé ". Il est fort
probable que l'effet thérapeutique ainsi que les changements internes au groupe auraient été plus
flagrants, plus transparents. Or, dans un contexte institutionnel de soins communautaires dans
lequel se situe la Poliger, il paraît difficile d'instaurer ce type de groupe ; cela irait dans le sens
contraire à la philosophie de ce service qui est de prendre en charge une large partie de la
communauté.
Finalement, l'idée d'envisager l'expansion de ce type de groupes dans des lieux tels que des foyers,
des institutions autres que dans le domaine psychiatrique, serait à mon avis très bénéfique à cette
population qui ne cesse de croître dans nos pays, au vu de la richesse des interactions et de l'apport
certain sur un plan individuel.

BIBLIOGRAPHIE

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(*)Travail de diplôme à l'Université de Lausanne (octobre 2003)

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