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Art, culture et psychiatrie.

Fecha Publicación: 31/05/2012
Autor/autores: Jean-Luc Roelandt

RESUMEN

L´auteur décrit ici  l´évolution d`une expérience qui s´est déroulée à Lille depuis les années 70 au cours de la transformation d´un secteur de soins psychiatriques. Cette transformation radicale a été possible grâce à l´organisation d`´une Association entre politiciens,  thérapeutes et artistes. Ils ont crée un Fonds d´art contemporain qui inclut des travaux des personnes avec des problèmes psychiques et l´association a organisé des activités artistiques en ville. L´auteur signale qu´il est très troublant de comparer la production d?artistes reconnus (par le milieu artistique et marchand) et d?artistes « fous » (figures 1 et 2) . A chaque fois, l?exercice démontre la fragilité de la frontière, la perméabilité des classifications et la fonction humanisante de l?imagination créatrice.


Palabras clave: soins psychiatriques; activités artistiques.
Área temática: .

http://hdl.handle.net/10401/5492

Avances en Salud Mental Relacional
Advances in Relational Mental Health
ISSN 1579-3516 - Vol. 11 - Núm. 1 - Mayo 2012
Órgano Oficial de expresión de la Fundación OMIE
Revista Internacional On-Line / An International On-Line Journal

ART, CULTURE ET PSYCHIATRIE

Jean-Luc ROELANDT (Psychiatre des hôpitaux, président de la CME et directeur du Centre Collaborateur
de l´Organisation Mondiale de la Santé à Lille)

RESUMÉ
L´auteur décrit ici l´évolution d`une expérience qui s´est déroulée à Lille depuis les années 70 au cours
de la transformation d´un secteur de soins psychiatriques. Cette transformation radicale a été possible
grâce à l´organisation d`´une Association entre politiciens, thérapeutes et artistes. Ils ont crée un Fonds
d´art contemporain qui inclut des travaux des personnes avec des problèmes psychiques et l´association
a organisé des activités artistiques en ville. L´auteur signale qu´il est très troublant de comparer la
production d'artistes reconnus (par le milieu artistique et marchand) et d'artistes « fous » (figures 1 et
2) . A chaque fois, l'exercice démontre la fragilité de la frontière, la perméabilité des classifications et la
fonction humanisante de l'imagination créatrice.
Mots clés: Soins psychiatriques. Activités artistiques.

© 2012 CORE Academic, Instituto de Psicoterapia

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Art, Culture et Psychiatrie

Nous essaierons dans ces pages d'appréhender quels sont aujourd'hui les questions réciproques que
l'art passe à la folie et à la psychiatrie et réciproquement
Comment l'art fera de la psychiatrie une page de son histoire
Comment la psychiatrie, pour lui donner raison, intègrera l'art dans sa pratique soignante

1. UNE HISTOIRE COMMUNE
La Folie comme l'art troublent. La science rassure. Mais la science peut être aussi source de
barbarie : les classifications et les biographies médicales sont en elles-mêmes porteuses d'exclusion. Le
tout est de n'être pas exclu partout. Artistes et malades se considèrent souvent comme des exclus de la
société. Ils se heurtent au leurre de se penser tout puissant, de pouvoir dire et faire ce qu'ils veulent.
C'est leur liberté. C'est le dur prix à payer à leur exclusion réciproque. Tous deux ont accès à des
processus de construction/déconstruction, création-exclusion. Notre société moderne les considérera à
part, montrant chacun à leur manière l'autre vérité de l'homme. D'autant plus que tout deux de l'une
fonction de visibilité, lisibilité immédiate « le fou », « l'artiste » et seront oeuvres réciproques.
Le fou comme l'artiste contemporain brouille la représentation raisonnable.
Je voudrais vous décrire ici l´évolution d`une expérience qui s´est déroulée à Lille depuis les années
70 au cours de la transformation d´un secteur de soins psychiatriques (Tableau 1).

Tableau 1

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Cette transformation radicale a été possible grâce à l´organisation d`´une Association (Tableau 2)
entre politiciens, thérapeutes et artistes.

Tableau 2

Pour des raisons de terminologie, nous distinguerons le « fou », figure emblématique, autre
parmi les autres, complètement déraisonnable, non soignable, différent fondamentalement de la folie,
entité plus générale, attribuée aux événements performances, destructurées ou créatrices, hors normes
en tout cas de l'humanité.
L'art brut nous intéresse encore au premier chef, il a conduit à la création du musée de l'art brut
à Lausanne et bientôt l'extension du musée d'art moderne contemporain de Villeneuve d'Ascq près de
Lille. Mais pourquoi créé un batiment à part dans un musée officiel ? C'est un peu la même chose que
les hôpitaux psychiatriques à part des hôpitaux généraux. Pourtant, à Lille, on a même pensé à installer
ce musée de l'Art brut, à l'hôpital psychiatrique d'Armentières...: les fous à l'asile et avec leurs oeuvres !
L'art brut a certainement permis la conservation d'oeuvres qui auraient disparu mais a rejeté
chez les "brutes" tout artiste non conventionnel, non inscrit dans les courants de l'art. Tout artiste
témoignant de sa création artistique propre inclassable, hors les courants et hors le marché, tout artiste
intemporel qui crée pour créer, c'est tout. Les création sont fortes, de sens caché, de beauté esthétique,
de vérité brute pour un homme du XXème siècle bien désorienté. Ces créations interrogent l'art officiel,

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même si celui-ci vient toujours des marges, des périphéries qui s'imposent au centre. Un vent de liberté,
mais à quel prix ?
Nous avons crée à Lille un Fonds d´art contemporain qui inclut des travaux des personnes avec
des problèmes psychiques et nous avons organisé des activités artistiques (tableau 3 et 4) en ville
(tableau 5)

Tableau 3

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Table 4

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Tableau 5

Télescopage du surréalisme et de l'art comme preuve. A côté de ce mouvement de l'art brut, se
constituera dès la fin 1945 le mouvement dit de psychopathologie d'expression. Le principe est simple :
on peut retrouver dans la production artistique des malades mentaux les signes de leur maladie ! Par
exemple, les création de Jules Henri Achille Leclercq prouvent à l'évidence sa « paranoïa ». D'autres leur
dépression, manie, névrose, toxicomanie (et Basquiat alors !).
Ce mouvement puissant sera contemporain de l'expansion de l'art thérapie. Si le malade peut
manifester sa pathologie par l'art, l'art peut-il améliorer en quelque sorte, aider au diagnostic, faire le
pronostic ? Le puissant mouvement de classifications qui a fondé la psychiatrie va continuer dans l'art.
L'art au secours des classifications ?
Mai 1968 met l'imagination au pouvoir, attire l'attention sur les lieux d'exclusion et d'arbitraire
social : les asiles et les prisons. Fluxus, le living théâtre, jazz rock magnifient la folie. La venue des artistes
dans les hôpitaux psychiatriques met en évidence les productions de ces "fous devenus malades
mentaux" entre temps. On voit dans toute l'Europe s'ouvrir les asiles à de nouveaux métiers : les arts
thérapeutes dans un premier temps, par reconversion des infirmiers et des gardiens, les artistes
carrément dans un second. Artistes car ceux-ci sont intéressés par les marges - se sentant eux-mêmes
ou ayant la nécessité d'être eux mêmes "marginaux". L'inconscient collectif qui associe artistes, malades
mentaux et fous, et qui les lie de tout temps, oeuvres et oeuvres depuis la guerre exterminatrice de la
psychiatrie.

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L'art accompagne toute la lutte anti-asilaire, allié fidèle et constant, pont entre la société et la
psychiatrie, aide au désaliénisme. Le cheval bleu accompagnera tout le travail de Franco Basaglia en
Italie. Il y a une fascination des artistes vis à vis des fous au début, puis un compagnonnage en commun.
Car l'Art permet à ces institutions soignantes fermées, totalitaires et surtout médicales d'ouvrir leur
portes vers l'extérieur. Les artistes ne dépendant pas de la hiérarchie asilaire, sont d'un autre champ
que le champ psychiatrique . Ils essaient de créer malgré tout et installent le soigné voire l'artiste luimême sur pied d'égalité potentiel vis à vis de la création. L'oeuvre la plus forte ne vient pas toujours de
celui qu'on croit. Il y a inversion de champ de valeur quoiqu'il n'y ait pas plus d'artistes chez les
personnes ayant un trouble mental que dans la population en général, mais c'est un pied d'égalité
potentiel possible alors que le travail productif les ségrège rapidement.
En même temps, le marché officiel de l'art récupère toute production vendable. Aloïse, Lesage,
Wolfi, les autres. Certains artistes se situent volontairement dans le champ de l'art brut pour y faire
carrière (NEDJAR). Le noms des artistes succèdent à ceux des psychiatres et des plantes et des fleurs
pour les structures de santé mentale. Auparavant, on retrouvait Ferrus Janet, Pirel, Esquirol, (les
aliénistes) puis les boulots, les hêtres, les peupliers, les saules, puis la clinique André Bretons, la
consultation Antonin Artaud, le pavillon Camille Claudel, Pirandello, Van Gogh, Jérôme Bosch.

2. OÙ SONT LES FRONTIERES?
De nombreux essais ont tenté de décrire une possible spécificité de « l'Art Brut » : pas de
référence à l'histoire de l'Art, pas de formation artistique, pas de souci de représentation, pas de souci
de reconnaissance, de mode, ni de commercialisation, etc. De plus en plus d'expositions s'évertuent à
présenter « l'Art des fous » : toutes posent des questions embarrassantes.
-Qu'est-ce qu'un artiste ? Qu'est-ce qu'un « fou » ? Suffit-il d'être « fou » pour être artiste ?
Tous les artistes sont-ils des fous ?
-Les oeuvres produites par les personnes hospitalisées en psychiatrie ont-elles une justification
artistique ? Si oui, si elles ont une valeur artistique ou marchande, pourquoi ces oeuvres ne sont-elles
pas intégrées dans une collection « de droit commun » ? Par exemple, dans la collection permanente
d'un musée. Ce qui permettrait leur valorisation selon des critères communs et par des personnes
qualifiées ?
-S'agit-il d'oeuvres d'artistes ?
Si oui, pourquoi alors les présenter comme la production de « malades mentaux » ? Pourquoi mettre en
avant la pathologie mentale de leurs auteurs, au lieu de favoriser leurs qualités artistiques ?
Si la caractéristique commune qui justifie la présentation de ces oeuvres en un même lieu est le
fait que leurs auteurs aient un « rapport particulier avec la folie », autrement dit qu'ils aient reçu des
étiquettes psychiatriques ou aient été soignés en psychiatrie, pourquoi alors ne pas trouver au même
endroit des oeuvres de Basquiat, Chaissac, Claudel, Garouste, Hirst, Picasso, Van Gogh,... la liste est
longue.
Autrement dit : imagine-t-on un musée Van Gogh des « épileptiques » ? Une collection Basquiat
des « toxicomanes » ? Un musée Garouste des « dépressifs » ? Une collection Dali des
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« mégalomanes » ? Un musée Claudel des « schizophrènes » ? Un musée Arman des « fétichistes
collectionneurs » ou un musée des « alcooliques » ?
-S'agit-il d'oeuvres ?
Cela pose la question de leur valeur artistique. Sont-elles exposées en fonction de critères artistiques
reconnus ? Si c'est le cas, encore une fois, pourquoi ces oeuvres ne sont-elles pas présentées au milieu
d'autres oeuvres d'artistes non étiquetés « fous » ? Pourquoi sont-elles présentées comme celles de
« fous » et non pas comme celles « d'artistes » ? Et en conséquence, pourquoi ne sont-elles pas
répertoriées dans les collections permanentes des institutions culturelles ?
-A contrario, si elles n'ont pas de valeur artistique, pourquoi sont-elles exposées ?
Il est très troublant de comparer la production d'artistes reconnus (par le milieu artistique et
marchand) et d'artistes « fous » (figures 1 et 2) . A chaque fois, l'exercice démontre la fragilité de la
frontière, la perméabilité des classifications et la fonction humanisante de l'imagination créatrice. La
grande rétrospective Dubuffet organisée récemment à Paris a montré, si besoin était, à quel point sa
propre évolution artistique a été influencée par sa « découverte » des oeuvres des personnes
hospitalisées en psychiatrie.

JEAN DUBUFFET
Bombance, 1962

VOKISLAV JAKIC
Coll Aracine, Villeneuve D'Ascq

Figure 1

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Art, Culture et Psychiatrie

Le Jardin des Tarots, Niki de St Phalle

La Maison PICASSIETTE

Le Parc Guell, GAUDI, Barcelona

Figure 2

L'histoire de Gaston Chaissac est exemplaire de cet abrasement des frontières entre Art et Folie.
Dubuffet, artiste officiel le classait dans l'art burt, mais Chaissac ses considèrait lui comme un artiste à
part entière

3. LE ROC DE L'ALIENATION
Quelque chose résiste au roc de l'aliénation. On peut caser Van Gogh, celui qui n'a jamais rien
vendu de sa production comme le plus riche des artistes épileptiques, Basquiat comme artiste
toxicomane, Chaissac comme artiste halluciné, Pollok comme artiste alcoolique, Garouste comme
artiste dépressif. Ils échappent néanmoins à ces appellations et l'oeuvre reste forte.
Pourquoi le jeu de Paume attire-t-il encore et plus de personnes, comme les expos d'art brut à
Villeneuve d'Ascq, beaoucp plus que les artistes officiels ?
Peut-être que c'est toujours la fascination de la folie, qui n'étant plus montrable chez l'individu, reste
tout aussi fascinante dans l'art et ses productions.
Je terminerai cet exposé par quelques considérations culturelles. Aujourd'hui, l'artiste a-t-il
encore droit à toutes les folies. L'art comme justification de la folie. L'art est-il une justification de la
folie? Quelles sont les capacités d'échanges entre l'artiste et le patient. L'art et la psychiatrie sont-ils
deux formes d'exclusion, deux lieux où l'on peut tout dire, tout penser, le blanc et le noir, et ne rien
dire, rien penser et finalement ne rien être ? L'artiste comme le fou est un état, une façon d'être, une
manière d'être. L'artiste a-t-il encore tous les droits. Droit à toutes les folies, mais qui lui donne ce droit,
qui l'a fait roi ?
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Pour conclure peut-être, l'histoire de l'art et de la psychiatrie sont histoires parallèle. Art et folie
dérangent, c'est évident. Même quand ils se fondent dans les institutions fabriquées par l'homme pour
les canaliser : les musées, les académies, les asiles, les hôpitaux psychiatriques. Car l'homme ne peut se
passer de l'art, ni de la folie. Toute tentative pour les canaliser, pour les classer prennent le risque de les
supprimer, les exclure et les supprimer. Les classification sont vaines, car folie et art représentent le
mortel et l'immortel, la création et la destruction. Ce sont 2 domaines où l'on peut tout dire et son
contraire. Comme l'art, la folie est affaire de nomination.

Depuis Marcel Duchamp et Freud, tout peut être fou, tout peut-être art.

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